Dans ma pratique du carnet de croquis, je suis passé de l’encre aux marqueurs depuis 3 ans. D’abord avec la marque Winsor & Newton, puis ensuite Copic, pour une plus large palette de gris et la possibilité d’avoir des feutres rechargeables. Si ceux-ci me convenaient parfaitement en terme de rendu, le souci venait de leur consistance même. Il s’agit de feutres à alcool, qui ont dont tendance à traverser le papier, parfois même deux pages si celles-ci ne sont pas assez épaisses. Cela est donc problématique pour la création d’un carnet de croquis où l’on voudrait utiliser toutes les pages.
J’ai profité d’une sortie à la journée sur Saint-Nazaire et la visite de deux site différents (les forges de Trignac puis l’Aérodrome de la Baule) pour créer des pages mêlant différentes vues avec l’idée de les compléter en texte le soir.
Contrairement aux marqueurs Winsor&Newton et Copic qui proposent deux pointes (une fine et une biseautée), l’aquabrush ne propose qu’une pointe pinceau, mais qui permet d’obtenir des traits assez fins. Je peux donc me rapprocher de ma technique habituelle même si la pointe biseautée me manque pour remplir une surface de façon régulière avec un système de hachures.
Mon style consiste principalement en du croquis noir et blanc, à base de différentes nuances de gris-froids donc à l’aspect bleuté. J’ajoute de la couleur en complément lorsque le sujet l’impose. La gamme de gris proposée par Molotow est intéressante car elle propose des gris froid (cool grey), neutres (neutral) et chauds (warm), je dois juste m’habituer au code chiffré qui est l’inverse de Copic (on monte en nombre vers le plus clair).
L’intérêt de ces encres vient aussi de la possibilité de les diluer l’une dans l’autre sur le papier, et ainsi obtenir un effet proche de l’aquarelle, même si le séchage reste toutefois relativement rapide (mais moins qu’avec les encres à alcool). Ainsi je dois faire plus attention à ne pas “embarquer” une couleur dans une zone non désirée si jamais je superpose avec une autre (par exemple du gris pour apporter une ombre ou une nuance).
Les couleurs proposées dans le set couleur de base (le set 1 du moins) sont assez vives. Cela tombe bien pour le croquis de l’avion qui propose justement un rouge vif. Je n’hésite donc pas à l’utiliser dès le départ après avoir marqué les premières ombres avec un gris moyen.
La superposition des teintes fonctionne bien, on garde un peu de transparence mais il y a moyen de rendre des zones assez denses par superpositions successives (ce qui m’a joué des tours sur l’ombre au sol de l’avion, que j’ai finalement rattrapé en ajoutant un peu de texture du tarmac).
Pour le croquis des forges, j’ai choisi de le relever en couleur en représentant le bleu du ciel, qui justement d’était d’azur ce matin là. J’ai donc fait attention à ne pas trop superposer de couches pour obtenir une texture homogène mais les traces de pinceaux restent tout de même visibles. Il faut à mon avis aller plus vite pour remplir une grande zone sans se faire rattraper par le séchage rapide.
Comme prévu j’ai pu faire ces deux pages à suivre sans que les zones dessinées et colorées au marqueurs ne se voient de l’autre côté (et ce malgré plusieurs couches successives).
Bon, le carnet utilisé est le carnet “Fontaine” de chez Clairefontaine, avec un grammage confortable
de 300g/m2. C’est celui que j’utilise le plus depuis 1 an et qui, avec son papier lisse, convient parfaitement au dessin avec marqueurs (alors qu’il a plutôt été conçu pour l’aquarelle)
Joss Proof :
Après des études en arts appliqués puis 20 ans en tant qu’infographiste dans le milieu associatif, j’ai récemment eu l’envie de reprendre crayons et carnets afin de m’exprimer hors d’un cadre de commande. Une démarche personnelle en premier lieu, avec principalement l’envie de travailler en extérieur et retrouver le plaisir du contact entre le crayon et le papier. Ensuite, observer et croquer des lieux déjà connus (ou inconnus), principalement de l’architecture et des paysages. Lors de ces déambulations urbaines, mon œil se porte souvent sur des scènes où la végétation se joint à l’architecture, ou lorsque l’architecture jailli au milieu de la nature. La ville de Nantes, avec de nombreux parcs ou friches en cours de mutation, offre de nombreuses possibilités de ce côté là et c’est un plaisir toujours renouvelé d’arpenter ses rues que l’on croit connaître. Marcher (un peu), tourner en rond (souvent), jusqu’à ce qu’un sujet s’impose à moi comme une évidence à croquer. Il ne reste alors plus qu’à se poser là où c’est possible et de ne faire qu’un avec son sujet.
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