Notre artiste partenaire Cynthia Dormeyer a récemment pris goût à l’exercice du croquis. Découvrez son approche unique du croquis d’architecture grâce à ce tutoriel complet.
Quels sont les différents types de croquis ?
Un croquis est une esquisse ou un dessin général d’un élément, réalisé rapidement. Il existe trois sortes de croquis que je détaille pour vous ici.
Le croquis explicatif
Le croquis explicatif qui permet de montrer par l’image, à une personne, ce que l’on a en tête, pour compléter les paroles. Nous sommes nombreux à le faire sans même sans rendre compte. Il n’a pas de vocation artistique, uniquement explicative.
Le croquis préparatoire
Le croquis préparatoire permet de poser sur le papier une idée que l’on a en tête, vérifier si elle fonctionne, ou contribue à effectuer des recherches sur les formes, la composition, etc. Il devient une base sur laquelle s’appuyer pour réaliser une œuvre finale (une peinture, un dessin, une illustration).
Le croquis d’observation
Le croquis d’observation consiste à étudier ce que l’on voit (architecture, objet, modèle vivant, etc), à s’entraîner à dessiner et forger “son œil”. Il est effectué d’après nature, la photo peut rester une possibilité. L’avantage de la photo est qu’elle permet de se poser tranquillement, l’inconvénient est qu’elle ne reflète pas les volumes comme en nature.
L’avantage du croquis d’après nature est que l’on se rend compte des volumes, il contraint souvent à un temps donné (surtout pour le modèle vivant) et selon la météo si vous êtes en extérieur. Ceci dit c’est un excellent exercice, tout dépend de votre envie et de votre objectif. Pour se poser et prendre le temps, des croquis d’intérieur ou en intérieur sont appropriés, ou encore des sculptures.
Pourquoi j’ai commencé à faire des croquis ?
J’ai commencé les croquis en école d’art, en prenant l’habitude de me balader avec un carnet à la main pour croquer ce que je voyais. J’en ai fait beaucoup. Ça m’a permis de prendre confiance, d’améliorer mes traits et mon sens de l’observation. Par la suite j’ai perdu cette habitude avec laquelle j’ai décidé de renouer dernièrement pour revenir aux fondamentaux, c’est à dire les croquis.
Ça me permet de progresser, de me renouveler, et de remettre à niveau les choses pour lesquelles je me sens rouillée. C’est aussi une façon de me changer les idées et nourrir mon inspiration.
Ce qui me plaît dans le croquis, c’est que j’aime relever des défis, me donner un temps limité pour dessiner quelque chose que j’observe et voir à quoi cela ressemble à la fin du temps imparti. Je trouve aussi que c’est une belle façon de coucher des souvenirs sur le papier. J’ai tendance à réaliser davantage de croquis de voyage d’ailleurs.
C’est quoi les spécificités d’un croquis d’architecture ?
Le croquis d’architecture est un des croquis d’observation. Il exige de connaître les règles de perspective, pour rendre compte des volumes et de la profondeur observés. Néanmoins, si une personne débutante souhaite se lancer dans le croquis d’architecture sans connaître les règles de perspective, c’est tout à fait possible.
Par exemple en dessinant des bâtiments de face dans un premier temps. Je conseille de commencer par des bâtiments aux formes simples, symétriques. Tout est sur un même plan c’est donc plus facile. Par la suite, la perspective viendra, chaque chose en son temps.
Les carnets que j’utilise pour mes croquis architecturaux
J’utilise des carnets avec un papier épais (200 g/m²), lisse, assez blanc voir très blanc, pour croquer en technique mixte. Il s’agit d’une préférence personnelle. J’utilise des marqueurs à l’alcool, à l’eau, des crayons à la cire, des critériums, des stylos… Un carnet avec papier fin par exemple fonctionnera très bien si vous utilisez du crayon uniquement.
Pour des croquis avec utilisation de marqueur à l’alcool, j’ai beaucoup aimé croquer sur le carnet Canson Graduate, le papier est blanc et lisse. En revanche sa tenue, et surtout sa couverture et les coins se sont très vite dégradés.
J’utilise aussi le carnet Clairefontaine Alpha-Lavis. Ce carnet est idéal pour le dessin et les lavis. J’aime m’en servir en technique mixte. Bien qu’il soit assez lisse (grain léger), il n’est pas prévu pour les marqueurs à l’alcool alors je les utilise avec parcimonie, l’encre peut vite transpercer le papier. J’aime le format à la verticale avec les coins arrondis. La couverture en tissu a de belles finitions, mais, pour mon utilisation, elle est moins pratique. En effet, comme je suis habituée aux tâches lorsque je dessine, celles-ci ne peuvent donc plus s’effacer.
Le tutoriel du croquis d’architecture par Cynthia Dormeyer
Ici, je vous expose ma méthode. Bien sûr il en existe d’autres. Choisissez celle avec laquelle vous vous retrouvez le mieux.
Le choix de son sujet
J’aime réaliser des croquis de voyage, particulièrement lors de la découverte d’expositions ou de nouveaux lieux. Je sélectionne les bâtiments soit pour leur caractère emblématique, soit pour leur architecture intéressante, en tenant compte de mes compétences et du temps disponible. Je choisis parfois des bâtiments plus complexes pour progresser, mais j’évite ceux qui me semblent trop difficiles pour mon niveau actuel. Ma préférence va aux bâtiments aux lignes droites et aux formes carrées.
Comment commencer son dessin ?
Ici, j’ai réalisé les formes principales au marqueur à l’eau, gris clair, puis je suis venue par-dessus refaire le croquis au criterium de façon plus précise. Il y a moins de nuance possible avec le marqueur que j’ai utilisé. Vous pouvez le faire uniquement au criterium ou avec un autre outil fin. Dans ce cas, commencez par appuyer légèrement sur vos traits puis de façon plus prononcée à mesure des étapes.
Étape 1, observer
J’observe le bâtiment et décompose les formes dans ma tête de façon géométrique pour le simplifier et repérer les volumes. Je commence à trouver des points de repères. Ça me permet de me préparer sur ce qu’il y a à dessiner, et de « m’échauffer ».
Étape 2, tracer les formes géométriques
Je commence par tracer la forme géométrique qui représente le mieux celle du bâtiment (souvent un rectangle). Ça me permet de placer la taille de mon croquis sur ma feuille et dans lequel je vais croquer. Puis une ligne de symétrie au centre. J’appuie peu sur mes traits, ce sont des traits de construction, que je pourrai facilement modifier si je me trompe. J’appuierai d’avantage sur mes traits à mesure que j’avancerai dans mon croquis.
Étape 3, création des lignes principales
Je trace d’abord les lignes principales, les alignements. Par exemple, je repère que toutes les fenêtres sont alignées à la verticale et sont à la même distance. Je trace donc les lignes correspondantes. Je les accompagne de petits repères si besoin. Je remarque que pour le placement des fenêtres, le bâtiment se découpe en 4 parties horizontales, alternant petites et grandes fenêtres. Je trace les lignes correspondantes.
Pour mesurer et comprendre les distances entre chaque élément, j’utilise mes doigts ou mon crayon. Je constate que le toit fait X fois la hauteur de l’architecture. Ça me donne la bonne proportion à tracer et me permet d’ajuster la forme globale, tracée à l’étape précédente. Je mesure tout comme ça pour bien placer mes repères et modifier les erreurs. Si une fenêtre est trop près de l’autre, je vérifie si elle tombe dans le bon alignement par rapport aux autres et aux traits que j’ai tracés. A force de tracer des lignes, les formes se ressortent naturellement.
Étape 4, affirmer les traits justes
Je repasse de façon plus appuyée sur les bons traits et ajoute du détail si besoin. Vous pouvez gommer vos traits de construction si vous avez croqué uniquement au crayon. J’aime garder les miens, c’est d’ailleurs ce qui est visible en gris clair (tracé au marqueur à l’eau, gris). Je me suis rendue compte trop tard que ma largeur était trop serrée. Alors, je l’ai indiqué dans un croquis à droite. Une façon de m’auto-corriger.
La technique pour reproduire un effet de perspective
À force de pratique je fini par faire les choses instinctivement, c’est plus difficile à expliquer. Pour structurer les étapes, voici une méthode. À noter que j’ai commencé par un marqueur à l’alcool rose (attention à ce que ça ne traverse pas le papier) puis du critérium.
Étape 1 : on observe et visualise dans sa tête
Étape 2 : tracez la forme globale (appuyez peu sur le crayon) comme pour le précédent exemple. Mais au lieu de tracer une ligne de symétrie, tracez la ligne horizontale appelée ligne d’horizon (qui correspond à la hauteur des yeux) avec le point de fuite ou plusieurs s’il y en a plusieurs (souvent deux).
Il est possible qu’il sorte de la feuille s’il est éloigné (c’est mon cas). À noter que plus votre modèle est près du point de fuite, plus la perspective est accentuée. Plus un élément se situe au-dessus de la ligne d’horizon (plus nous levons la tête), plus on voit le dessous de cet élément. Plus il est en dessous de la ligne d’horizon (plus on baisse la tête), plus on voit le dessus de cet élément.
Ce schéma ci-dessous, j’ai tendance à le tracer dans ma tête, vous ne le verrez pas sur mes croquis ci-après. Pour ce tuto, je décompose les étapes.
Étape 3 : aidez-vous des règles de perspective pour tracer les lignes principales. Celles-ci partent du point de fuite. Précédemment les lignes étaient horizontales et verticales, ici elles partent du point de fuite et sont verticales.
Ci-dessous un schéma à main levée suivi de mon résultat en croquis à cette étape
Étape 4 : enfin je repasse d’une façon plus appuyée les traits que je souhaite mettre en avant pour donner plus de force à mon croquis, et ce sur quoi je souhaite mettre l’accent.
Ajouter de la couleur sur notre illustration
Il existe plusieurs manières d’ajouter des ombres, si vous souhaitez le faire.
Votre façon de les faire varie en fonction de l’outil choisi : cela peut être des hachures au crayon, ou une masse colorée à l’aquarelle ou au feutre à l’eau, etc.
Vous pouvez aussi très bien effectuer un fond coloré sur votre feuille en totalité ou en partie pour donner une intention puis faire votre croquis par-dessus.
Vous pouvez également compléter votre croquis en ajoutant des indications écrites ou en griffonnant les couleurs que vous avez observées.
J’ai choisi, pour mes croquis, de porter l’observation sur les formes et non les couleurs, j’ai donc ajouté les couleurs qui me faisaient envie sans intention en ressemblance avec la réalité.
Quelle est la différence entre un croquis et un plan ?
Tout dépend du type de croquis, mais à retenir qu’un croquis se fait à main levée et rend compte généralement des volumes. Un plan a une autre fonction, et son visuel est différent. Les lignes sont droites, précises, réalisées à la règle. Il permet de donner des informations, entre autre, de cotes (c’est comme ça qu’on nomme les mesures en architecture) et d’espaces pour construire et mettre en volume cet espace. Sa fonction est technique et « à plat » en 2D alors que le croquis peut avoir une fonction technique et/ou artistique, en volume.
À savoir : attention au choix de votre outil pour croquer sur votre carnet. Certains permettront de faire du détail comme des crayons, stylos etc… et d’autres non.
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