Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je suis peintre autodidacte, j’ai grandi et réside à Montpellier. J’exerce la profession de conseillère pédagogique parallèlement à mon activité de peintre.
Diagnostiquée d’un cancer du sein au printemps 2014 et placée en congé longue maladie, j’ai renoué avec mon envie de peindre, mise sous cloche depuis de trop longues années. J’y trouve la plénitude de me sentir intensément dans le présent. Je peins exclusivement des femmes. Dans une culture de vénération du plein, j’aime au contraire n’utiliser qu’une gamme réduite de teintes, jouer avec le vide, ne pas tout montrer de façon à laisser aux personnes qui rencontrent mes tableaux la possibilité d’en être co-créateurs, libres de projeter leurs propres émotions.
Depuis quand pratiquez-vous votre art ? Quelles ont été vos motivations ? Etes-vous professionnel ?
A l’adolescence, j’ai fréquenté un atelier d’artiste (Cathy Clauzel) pendant plusieurs années. Elle m’a initié à la technique du pastel, aux croquis à la craie, à la mine de plomb, sanguines… quelquefois d’après modèles vivants. Ma pratique s’est arrêtée après le bac (les études, ma profession puis ma vie de famille prenant le pas sur mes activités artistiques).
Il a fallu une rupture, en l’occurrence la maladie, pour que je me rende compte du caractère essentiel de la création artistique dans ma vie. J’en retire une certaine urgence à vivre.
D’une part, je me sens pleinement dans « l’ici et maintenant » lorsque je peins et cela m’apporte plaisir et sérénité, d’autre part c’est un moyen pour moi d’ex-primer ce qui s’était peut-être imprimé dans mon corps, faute d’être extériorisé.
Par ailleurs, un projet m’anime : celui de reverser 50% du prix de mes ventes de tableaux à deux associations de lutte contre le cancer qui m’ont beaucoup aidée : étincelle-LR et l’escale bien-être de la ligue, afin qu’elles puissent continuer à tendre la main à des personnes qui auraient un parcours similaire au mien. Cet engagement m’aide à me sentir progressivement davantage du côté des aidants que des aidés.
(Je me considère « peintre amateur » bien que légalement, je sois « peintre professionnel » dès lors que je suis déclarée à l’URSAAF et détentrice d’un numéro de SIRET).
Comment organisez-vous votre temps de création ? Avez-vous un atelier ou travaillez-vous chez vous ?
Je viens tout juste de reprendre mon activité de conseillère pédagogique à mi-temps thérapeutique, ce qui me laisse du temps libre pour me consacrer à la peinture.
Je travaille de chez moi, souvent dans une pièce consacrée mais j’emporte mon cher lutrin parfois aussi sur ma terrasse, dans mon jardin ou même dans la cuisine, au gré de la lumière qui me convient le mieux et bien sûr de mes envies.
Quelle est votre technique préférée ?
J’affectionne les techniques mixtes: l’acrylique avec des touches de peinture 3D, les Posca, les bombes, les encres, les inclusions de journaux venus du monde entier, les pochoirs, etc…
Où puisez-vous votre inspiration ?
En moi et autour de moi ! Au plus près de mes sensations. Par exemple, le tableau intitulé « splash » est né pendant la canicule cet été. La forte chaleur, l’envie de fraîcheur m’ont amenée à peindre ce visage ruisselant et à dripper dessus des encres aux tonalités froides.
Mes « trois grâces » m’ont été inspirées par mes racines (je suis née à Montpellier où ses statues son un emblème de la ville).
Mes voyages sont également une grande source d’inspiration. J’ai vécu trois ans à l’étranger et j’ai été accompagnatrice de voyages culturels pour l’association Arts et Vie. « Douala » est par exemple un retour sur mon année passée au Cameroun.
Plus récemment, j’ai commencé à faire entrer des mots dans mes toiles (français, mais aussi anglais, allemand qui sont des langues que je pratique). La beauté graphique des lettres, le signifiant et le signifié m’ouvrent de nouvelles perspectives de création.
Ainsi, il y a une petite partie de moi, de mon vécu, de mes rencontres, de ma vie intérieure dans chacun de mes tableaux.
Il y a-t-il des sujets qui vous inspirent particulièrement ? Pourquoi ces thématiques ?
Ce sont avant tout les femmes qui m’inspirent, d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui. Je veux célébrer leur courage, leur sensualité, rendre hommage à celles qui doivent allier performance au travail, être de parfaites ménagères et des mères irréprochables, dire qu’il faut lutter contre les inégalités et les discriminations dont elles sont encore victimes. Peut-être parce que c’est un cancer du sein qui m’a amené là, symbole de la femme et de la mère…
Quels sont vos artistes préférés ?
J’aime et j’admire, le stencil art engagé de Banksy, de Misstic, les frères Beardsley, l’art traditionnel japonais, les gravures de Félix Vallotton et tant d’autres.
Vous intéressez-vous à d’autres formes d’art ?
La littérature et la poésie, le cinéma, la photo et la sculpture sont des formes d’art qui me touchent et enrichissent ma vie intérieure.
Quels sont vos projets actuels ou à venir ? (exposition, voyage artistique, résidence…)
Le 14 septembre, à 19h, une exposition-vente de mes tableaux au profit de l’association étincelle-lr aura lieu à la paillote bambou de la Grande Motte.
Le 26 septembre, je participe à la Grande Expo du centre culturel Bérenger de Frédol à Villeneuve-lès-Maguelone.
Puis, au mois de décembre, j’exposerai dans le bar à vin Mi Barrio, situé près de la place St Roch à Montpellier.
Ensuite, sont prévues d’autres expositions à l’hôtel de ville de Juvignac, au domaine de Verchant à Castelnau-le-Lez, à la salle des Cistes de Carnon, etc.
Et sur « la toile », j’apparais sur ArtzWar.com, un site de promotion d’artistes sur internet lancé par Christophe Dacos, un jeune artiste talentueux issu de l’école royale des beaux-arts de Liège.
Retrouvez l’artiste Béatrix Vincent :
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