L’artiste du mois de mai : rencontre avec Muriel Buthier-Chartrain, aquarelliste

Elle est l’artiste du mois de mai : rencontre avec Muriel Buthier-Chartrain, aquarelliste.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je m’appelle Muriel Buthier-Chartrain, je vis à Châteauneuf-en-Thymerais en Eure-et-Loir, là où je suis née en 1961. Je suis mariée, j’ai 3 enfants et deux petits-enfants. Pour notre grand bonheur à tous, mon mari est cuisinier et nous régale les papilles tandis que je tente de régaler les yeux !

Depuis quand pratiquez-vous votre art ? Quelles ont été vos motivations ? Êtes-vous professionnel ?

J’ai baigné dès l’enfance dans une ambiance favorisant la créativité et la culture du beau.

Dedans, avec maman, le tricot, le crochet, la couture apprise toute jeune sur la machine à pédale. Les bricolages divers, le dessin, la peinture… Mes parents me laissaient peindre à la gouache sur le frigo, il y a si longtemps que je ne m’en souviens pas moi-même…

Dehors, dans la cour de notre papa carrossier, les constructions de cabanes faites de bric et de broc, les luges réalisées avec pare-chocs et tôles, les longs voyages imaginaires dans les carcasses de voiture en attente du ferrailleur ou sous les cabanes de chiffon dans le jardin. Dehors encore, lors des vacances où papa ne manquait jamais de nous montrer les plus beaux cols de montagne, les plus vertigineux…

Et puis, il y a l’odeur du trichloréthylène avec lequel on faisait des transferts de photos des magazines, les livres de travaux manuels trouvés sous le sapin et le petit métier à tisser les perles fait maison avec du bois et des peignes que je conserve précieusement… Les boîtes collectionnées et transformées en… tout ! La petite boîte de peinture en métal offerte par le client Russe, si belle… autant de sensations et d’objets qui font que je suis sure que… tout vient de là… que c’est ce qui m’a amenée petit à petit à m’exprimer par la peinture.

La peinture à l’aquarelle, c’était en 1981, j’avais 20 ans. J’ai travaillé le dessin et la technique de ce medium si particulier en autodidacte. Petit à petit, mon style s’est affirmé. Je n’ai jamais cessé de peindre, même si parfois j’exposais moins. Le temps a passé… Je suis devenue peintre professionnelle à plein temps. J’enseigne la peinture à l’aquarelle depuis un peu plus de deux ans et viens d’être acceptée à la Société Française de l’Aquarelle (SFA)

Comment organisez-vous votre temps de création ? Avez-vous un atelier ou travaillez-vous chez vous ?

J’ai un atelier chez moi : j’y passe le plus clair de mon temps. Si l’on me cherche, je suis au premier étage ! Je peins autant que possible, chaque jour si je suis à l’atelier.

Je ne s’ennuie jamais. Hormis la peinture, il y a aussi l’encadrement, la préparation des dossiers, l’envoi des œuvres vendues en ligne. Et il y aussi un poste très important, celui de la communication, celui qui prend du temps, beaucoup de temps : présenter mon travail, annoncer mon actualité sur sites, blogs ou réseaux sociaux. Cela sous-entend prises de vues des peintures, recadrages photos, réalisations d’affiches, de bios, de books et de livres etc…

A cela s’ajoute – puisque j’enseigne – la préparation des cours et des stages. En résumé, une vie remplie et riche, pleine de rencontres et d’imprévus… que j’ai choisie et qui me plaît !

Quelle est votre technique préférée ?

Si je peins à l’huile ou en techniques mixtes de temps en temps, c’est à la peinture à l’aquarelle que je préfère m’exprimer tant cette technique est riche. Qui ne l’a jamais pratiquée ne peut se rendre compte à quel point elle l’est !

Je pratique une aquarelle pure, juste de l’eau et des couleurs. Depuis un peu plus de deux ans, je développe une technique permettant d’obtenir des effets de textures peu répandus en aquarelle : juste la façon d’utiliser les couleurs en fonction des qualités des pigments qui les composent et de la façon de les travailler les associer. Mon travail actuel s’est enrichi de ces recherches techniques.

Où puisez-vous votre inspiration ?

Je puise mon inspiration au fond de moi…

Du temps pour la maturité, beaucoup de travail pour la maîtrise technique : c’est ce qu’il faut à un peintre pour enfin se trouver, comprendre qu’il n’est autre source d’inspiration que ses propres sentiments, les plus enfouis, les plus secrets.

Il m’a fallu du temps pour le comprendre et j’ai la certitude qu’un long parcours est nécessaire pour prendre conscience de ce que l’on ne soupçonne même pas lorsque l’on commence à peindre. Je rencontre trop de « jeunes peintres de tous âges » avec déjà trop de certitudes et d’assurance.

Il y a-t-il des sujets qui vous inspirent particulièrement ? Pourquoi ces thématiques ?

J’ai longtemps peint le ciel, comme un sujet à part entière, une source d’inspiration inépuisable qui nous emmène vers le rêve. De plus en plus mon travail s’épure et va vers l’abstrait ; comme je vous l’ai dit je puise mon inspiration « à l’intérieur » C’est assez dur à expliquer : selon mes ressentis et en fonction mes émotions, il me vient des images, et ce n’est que lorsque je les visualise bien que je les retranscris sur le papier. Je suis satisfaite quand le résultat colle avec ce que j’avais en tête.  La plupart de mes peintures actuelles sont créés de cette façon. Elles sont vraiment le fruit de mes ressentis qui vont de la peine à la joie, du sentiment d’abandon à l’amour, de l’angoisse à la sérénité… je peins tout ce que je n’exprime pas par la parole, je peins mes silences. Je vous l’ai dit, ce n’est pas très simple à expliquer : pour imager, c’est un peu comme un système automatique qui transforme les sentiments en images intérieures qu’ensuite je peins ! Mes enfants vont encore me dire que « je fume trop de pigments ! »

Actuellement, je travaille sur le corps et les textures de peaux. Je tente de retranscrire les images que m’inspirent mes ressentis tactiles et visuels. L’aquarelle est ma parfaite alliée pour ce travail : j’alterne zone de douceurs en lavis subtils et transparents et zones plus animées avec l’emploi des textures.

Toutefois, d’autres peintures sont d’inspirations plus classiques, inspirées par la nature, sans être pour autant réalistes : une belle lumière, un bel endroit, de belles couleurs et l’interprétation commence. J’aborde d’autres thématiques telles que « la robe » avec une série intitulée « Si j’étais une femme ». C’est un travail plus axé sur la représentation, même si je m’attache à rendre la robe mystérieuse, tout en sublimant son aspect féminin : à qui appartient-elle ? À quelle occasion a-t-elle été portée ? Plus anecdotique, j’ai travaillé sur le thème du papillon et de la libellule : comment rendre leur légèreté, leur fragilité ?

Un point commun à toutes ces thématiques toutefois : la recherche de la lumière et de la sérénité. Tenter d’aller à l’essentiel.

Quels sont vos artistes préférés ?

En règle générale, je préfère les peintures sobres comme l’on en trouve beaucoup chez les peintres Asiatiques ou encore chez les artistes des pays Nordiques.

Parmi les grands maîtres, Turner pour sa lumière, Van Gogh pour sa pâte, Magritte pour ses mystères… Mais surtout Zao Wou-Ki, si sublime et si humble, pour m’ avoir émue aux larmes : chapeau bas !

Autres artistes : Jacob Kassay découvert depuis peu, pour l’impact fort de la sobriété de son travail. Gerald Richter, dont j’admire la richesse et la variété de sa production, énorme, qui s’étale sur 5 décennies. La céramiste Christina Wiese.  L’artiste Yasuaki Onishi qui fait des installations à couper le souffle. Les peintres Gao Xing Jiang, Hideaki Yamanobe, Graham Dean… Je pourrais en citer plein d’autres,  mais je ne peux terminer cette liste sans citer le peintre Suédois Jonas Pettersson dont j’ai découvert le travail si lumineux il y a 6 ans sur le net et devenu ami.

Vous intéressez-vous à d’autres formes d’art ?

J’aime la musique qui accompagne  forcément mon pinceau. J’aime le geste de l’artisan : voir un souffleur de verre travailler ses pièces, une main qui rabote le bois ou qui met en forme la pâte à pain… autant de « coups de main » qui paraissent si simples  mais qui sont le résultat d’une maîtrise totale d’un art.

Quels sont vos projets actuels ou à venir (exposition, voyage artistique, résidence)

J’ai deux gros projets cette année qui me tiennent particulièrement à cœur :

• Le premier est une exposition en trio avec Jonas Pettersson et sa sœur Cilla Midhall du 4 juin au 3 juillet 2016 dans les salles du château de Nogent-Le-Roi, invités par l’adjointe à la culture de la commune. A cette occasion, nous proposons des stages. Il reste encore quelques places. J’y présenterai mon tout dernier livre “Regarder les silences” qui regroupe 57 reproductions de peintures et des textes sur mon parcours
• Le deuxième est un voyage en Australie au mois de septembre, puisque j’ai le grand bonheur d’avoir été invitée en résidence artistique par Wyn Vogel, artiste Australienne, pour 10 jours sur la Sunshine Coast. Wyn, créatrice de Fish Lane Studios, est à l’origine de ce fantastique projet. Elle a travaillé dur pour obtenir des sponsors qui la soutiennent dans ce beau projet. Un grand merci à elle !  Découverte de la Sunshine coast, peinture, échanges, workshops et expositions seront au programme de cette superbe résidence.

Pour le reste, je participe actuellement à la biennale d’aquarelle du Léon en Bretagne, à la biennale d’aquarelle du Perche et très bientôt à la biennale Aquarell’Eure à Gaillon en Normandie. Puis au dernier trimestre à la biennale d’art contemporain du Thymerais qui se déroule à Châteauneuf-en-Thymerais en octobre, à la biennale d’aquarelle de Saint-Chamond dans la Loire et à la rencontre des sociétés Européennes de l’aquarelle en novembre à Avignon.

Retrouvez Muriel Buthier-Chartrain sur :

• https://www.facebook.com/muriel.buthierchartrain
• https://buthier-chartrain.blogspot.fr/2016/02/shared-voices-voix-partagees-exposition.html
• https://www.facebook.com/events/1763878837180351/
• https://www.fishlanestudios.com/
• https://www.artmajeur.com/buthierchartrain/

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