Nés il y a plus de 15 000 ans
Les pigments se présentent sous forme de poudre fine et furent utilisés initialement par les hommes des cavernes pour les peintures rupestres.
Les pigments terreux étaient alors associés à de l’eau et de la graisse qui faisaient office de liants. Les premiers pigments synthétiques auraient été inventés par les Égyptiens. En 4000 av. JC, les Égyptiens fabriquent les couleurs en nettoyant les terres utilisées, qui deviennent ainsi plus pures et résistantes. Le malachite et le cinabre font leur apparition. Les Chinois élaborent le vermillon en chauffant du soufre et du mercure. Les Grecs créent le premier blanc parfaitement opaque. Les Romains s’inspirent quant à eux des inventions chromatiques des Égyptiens et des Grecs. Les ruines de Pompéi révèlent des traces d’utilisation de vermillon sur les murs des demeures. Ils concoctent le pourpre de Tyr à partir de murex. Cette couleur précieuse était réservée aux toges des dignitaires romains.
La Renaissance donne au XVIe siècle une impulsion décisive à la fabrication des couleurs en peaufinant les pigments terreux, notamment par la création de la terre d’ombre brûlée et de la terre de Sienne brûlée. Ces nuances occuperont une place prépondérante dans les œuvres de la Renaissance. Les Italiens donnent également naissance au jaune de Naples.
Les pigments à l’ère de la modernité
Le développement de l’industrie et des échanges au XVIIIe siècle marque un tournant dans l’histoire des pigments. Le marchand de couleurs allemand Diesbach crée la première couleur de synthèse, à savoir le bleu de Prusse, à partir de potasse contaminée par de l’huile animale. Cette couleur encore très présente aujourd’hui s’éclaircit à la lumière du jour et retrouve son intensité dans l’obscurité.
Les pigments à base de cobalt et le bleu céruléum (un autre type de cobalt) apparaissent au début du XIXe siècle. Le cobalt étant onéreux pour les artistes, des recherches sont menées pour obtenir un bleu foncé plus abordable. J.-B. Guimet crée l’outremer français en 1828.
L’isolation du zinc
L’isolation du zinc permet d’élaborer le blanc de zinc au début du XVIIIe siècle. A la même période, les gisements de chrome Outre-Atlantique favorisent la découverte du jaune de chrome, très opaque et bon marché. Les pigments à base de chrome offrent une excellente opacité et un très bon rendement. En 1834, Winsor & Newton chauffe l’oxyde pour en augmenter l’opacité. La célèbre fabrique de couleurs crée ainsi le blanc de Chine et le blanc permanent. Les jaunes de cadmium ne sont développés qu’au milieu du XIXe siècle. A ce jour, le jaune de cadmium est le jaune le plus utilisé par les artistes.
La création des pigments organiques
En travaillant sur la quinine dans son laboratoire, W. H. Perkin élabore sans le vouloir le premier colorant organique, la mauvéine, en 1856. Cette teinte suscite un engouement sans précédent chez les peintres anglaises. Le carmin d’alizarine, également appelé alizarine cramoisie, est introduit en 1856, puis le jaune Hansa, très transparent et résistant à la lumière, créé au début du XXe siècle par Hoechst. Les quinacridones sont développés à partir de 1950.
Les pigments blancs
Le classement est effectué selon leur teneur en carbone.
- Pigments minéraux naturels
Ce sont les terres, les plus anciens pigments utilisés par l’homme : terre de Sienne, terre d’ombre, terre Verte, etc. On les trouve dans les sols argileux et ils sont constitués d’oxydes de fer. Ils sont en général peu intenses, granuleux et tenaces.
- Pigments minéraux de synthèse
Les pigments de ce groupe sont très variés.
Ils sont obtenus par réaction chimique, en général des oxydes métalliques. Certains sont toxiques, comme les cobalts et les cadmiums: ne surtout pas les avaler ! (bleu de cobalt, rouge cadmium).
- Pigments organiques naturels
Les pigments organiques naturels sont très rares: le rose de garance (rose madder) qui vient d’une racine de plante et le noir de charbon. Ils sont transparents, peu colorants. Si on a conservé le nom de pigments organiques naturels comme sépia, gomme gutte (gambodge), indigo, leur fabrication a été modifiée pour améliorer leurs propriétés et leur disponibilité.
- Les pigments organiques de synthèse
Certains ont été utilisés depuis toujours. Ils sont d’origine naturelle, extraits de plantes (garance, indigo), de coquillages (pourpre), de chenilles (cochenille), mais leur synthèse n’a été réalisée qu’au XIXe siècle. Néanmoins, la majorité des couleurs utilisés de nos jours ont été découverts au XIXe siècle. Ils sont dérivés des goudrons de houille, le benzène, le naphtalène et l’anthracène étant les matières premières indispensables à leur fabrication.
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