l'Atelier Géant
100% Artistes
Rencontre avec Bibiche Zède, artiste touche à tout

Rencontre avec Bibiche Zède, artiste touche à tout

Céline Ziwès alias Bibiche Zède construit et déconstruit des lignes, avec différents supports : marqueurs, gravure et linogravure, peinture… Découvrez ses œuvres et son parcours riche à travers les arts plastiques.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je m’appelle Céline Ziwès ou Bibiche Zède ça dépend des jours, je vis à Rennes depuis 15 ans.

J’ai grandi en banlieue parisienne à Saint-Quentin-en-Yvelines. Regarder les garçons jouer au basket, traîner sur les bancs, faire les plans d’une « galerie des galériens » avec ma cops Séverine sont mes souvenirs d’enfance. C’est cette atmosphère de bitume, urbaine, pleine d’une énergie puissante, qui m’inspire.

Rencontre avec Céline Ziwès, artiste touche à tout

Après des études de sciences politiques, j’ai travaillé 10 ans dans le développement social. Beaucoup autour de la question de l’égalité.

Il y a 2 ans, j’ai décidé d’inverser les choses et de faire passer au premier plan l’illustration et la peinture, qui m’accompagnent depuis longtemps. Maman et arrière-grands-parents peintres, papa ingénieur et photographe, c’est comme ça que je me suis formée. 

En juin 2015, j’ai exposé à l’Orangerie du Thabor la première partie d’un projet personnel,  au long court, que je construis à petits pas. Le « Molotow project », un espace de réflexion artistique qui ne se prend pas trop au sérieux basé sur le street art, sans la street. Ou comment utiliser, tourner, détourner, rendre hommage, faire patrimoine avec l’art urbain, en chambre.

Rencontre avec Céline Ziwès, artiste touche à tout

Depuis quand pratiquez-vous votre art ? Quelles ont été vos motivations ? Etes-vous professionnelle ?

J’ai grandi dans une maison pleine de tubes de peintures et j’ai pu très tôt piquer à ma maman ses pastels et surtout sa boîte de crayons de couleurs, sans vraiment faire des trucs remarquables d’ailleurs… Gribouillant par-ci par-là, j’ai noirci des petits carnets de croquis de tout et de rien pendant mes études. Vêtements, mini-BD, carnets de voyages plus ou moins aboutis…

Rencontre avec Céline Ziwès, artiste touche à tout

Mon véritable déclic s’est produit dans un petit village du Mexique, où j’ai passé presque un an en 2002. Fascinée par les couleurs, la richesse des motifs, la présence entêtante des figures religieuses, je me suis fixée sur la réalisation d’un triptyque en bois, représentant la vierge de Guadalupe en utilisant tous les matériaux trouvés sur place. Grains de maïs, rubans, peintures scolaires et cartes à jouer… mais le clou fut de porter ce triptyque chez le garagiste pour qu’il le vernisse au pistolet. Les panneaux ont empesté le chimique pendant des années…

Aujourd’hui, j’ai deux métiers qui parfois se rejoignent. J’accompagne des groupes qui souhaitent se former sur les questions de discriminations mais je suis surtout illustratrice « impliquée ».

Rencontre avec Céline Ziwès, artiste touche à tout

Au travers de la facilitation graphique, l’illustration d’outils pédagogiques, j’appuie ou je suscite des projets collectifs avec mes dessins, en rendant claires des idées complexes, en permettant à chacun et chacune de s’exprimer, en synthétisant des échanges, en rendant visibles des vécus, des témoignages.

Comment organisez-vous votre temps de création ? Avez-vous un atelier ou travaillez-vous chez vous ?

Pour le « Molotow Project », je me réserve des phases plus ou moins longues dans l’année, 1 semaine, 1 mois, durant lesquelles je me consacre pleinement à la réalisation de ce que j’ai croqué frénétiquement sur mes divers carnets. Projet de toile, 4 gravures, broderies sur sweat… déclinant à chaque fois des symboles de la culture urbaine. Pour mes activités professionnelles plus quotidiennes d’illustration, je travaille tous les jours… avec les horaires de bureau dont j’ai hérité de mes 10 premières années professionnelles. Au moins, je me concentre !

Rencontre avec Céline Ziwès, artiste touche à tout

J’ai un espace de travail chez moi qui va bientôt, je l’espère, se transformer en atelier plus fonctionnel. Cela évitera à tout le monde de respirer les bombes de peinture… et accessoirement de marcher sur un cutter qui traîne…

Quelle est votre technique préférée ?

Je n’ai pas de chapelle, j’aime bricoler… D’abord, le dessin au trait. Un marqueur noir épais qui croise des rotrings 0,05, dans une danse de précision un peu maniaque. Puis les grands formats, avec de la bombe et mes marqueurs préférés (qui ont donné à mon projet perso leur nom d’ailleurs), les Molotow et leur grand pouvoir couvrant…

Rencontre avec Céline Ziwès, artiste touche à tout

Où puisez-vous votre inspiration ?

Dans un mélange un peu bordélique de pop art, d’art brut et de street art… qui m’amène à me retrouver scotchée par des paysages urbains comme à Hambourg, au Havre ou encore à Rotterdam. Grandes grues rouillées, jouxtant des murs pelés d’affiches et de graffiti anarchiques…

Cela passe aussi par le voyage, loin, comme au Mexique, en Inde, en Chine où je ramène et collectionne des pigments, des papiers, des bondieuseries fluos et à paillettes qui s’accumulent dans des caisses, sans servir, jusqu’au jour où… si si, ça sert toujours.

Rencontre avec Céline Ziwès, artiste touche à tout

Et puis plus près, à Rennes, à Nantes ou dans les campagnes, où résistent encore des traces de l’ère industrielle. Vieux silos, entrepôts désaffectés, qui surgissent au coin d’une rue ou au tournant d’une départementale. La Brasserie St-Hélier est ainsi un de mes totems. Majestueuse. Insolente.

Il y a-t-il des sujets qui vous inspirent particulièrement ? Pourquoi ces thématiques ?

Les bâtiments, la couleur du béton, de la rouille, les lignes urbaines, la culture hip-hop et ses codes, même si je vis avec elle un truc étrange. Jusqu’à mes 20 ans, sans vraiment y réfléchir, j’ai baigné dans cette musique, avec mes copains, principalement des gars d’ailleurs. Je me rends compte que je connais plein de chansons quand je les réécoute. Nas, ODB, Wu Tang Clan, NTM… Mais quand je suis arrivée à Rennes, pour y faire mes études, j’ai cessé d’écouter cette musique et j’ai adopté tout de suite l’énergie rock et surtout les bars et la bière… comme beaucoup d’étudiants d’ailleurs.

Rencontre avec Céline Ziwès, artiste touche à tout

Quels sont vos artistes préférés ?

En vrac total : Hervé Di Rosa que je lie au Mexique pour les couleurs et les motifs et puis son Musée International des Arts Modestes à Sète où je peux m’extasier devant des panneaux pailletés représentant Elvis… Bill Viola parce que je me souviens d’être restée sans voix à Dinard devant une de ses vidéos, Banksy parce que c’est un monsieur du street art politique, Obey Giant, pareil, pompier propagandiste, Rothko pour la couleur ! Aussi Yue Minjun, artiste chinois que j’ai découvert à la Fondation Cartier et qui m’a fait revivre mon voyage en Chine avec ces sourires inquiétants, Yvan Salomone qui sait si bien saisir la fragilité et l’éternité dans ses paysages industriels… Et puis des plus jeunes, comme Mardi Noir ou Philemon, dont j’ai vu une expo à Marseille mais qui traînent souvent à Rennes…

Rencontre avec Céline Ziwès, artiste touche à tout

Vous intéressez-vous à d’autres formes d’art ?

La danse. De loin maintenant mais j’ai beaucoup dansé, pendant longtemps, puis plus rien. J’y reviendrais sans doute…

Et la musique. Même si cela ne vient jamais de moi, j’aime qu’on me fasse découvrir des groupes. Les Trans ou Mythos ça sert à ça d’ailleurs…

Quels sont vos projets actuels ou à venir ? (exposition, voyage artistique, résidence…)

Je viens d’être éditée par l’association Les Slips de Papa, qui fait un super travail autour de leur Vulome, recueil d’illustrations contemporaines. J’aimerais trouver d’autres espaces pour éditer mes illustrations, pourquoi pas la presse !

Je vais continuer à développer le Molotow Project avec de nouveaux trucs sur lesquels je travaillerai au printemps (je cherche un nouveau lieu d’expo d’ailleurs). Une partie sera réalisée avec un groupe de volontaires qui veulent bien se filmer en marchant…

Et puis, si on y arrive, je vais accompagner avec mes dessins un livre de témoignages de femmes qui vivent dans un quartier de Rennes et qui organisent des ateliers philos pour débattre de tout, de politique, de la vie. Ce serait un livre drôle, émouvant, philosophique, politique… comme ces femmes d’ailleurs !

Suivez l’artiste Céline Ziwès à travers : 

et retrouvez le Géant des Beaux-Arts :

Ajouter un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

/* ]]> */