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Rencontre avec YAK, créateur d’Elyx

Rencontre avec YAK, créateur d’Elyx

Pouvez-vous vous présenter et présenter Elyx ?

Je m’appelle Yacine AIT KACI et je signe mon travail de mes initiales YAK. J’ai un long parcours professionnel de plus de 20 ans dans divers domaines de création, de la presse, à la télé, en passant par ce qu’on appelait le multimédia, puis la création et l’art numérique, l’innovation technologique, le spectacle, la scénographie et aujourd’hui une synthèse de tout ça sous la forme la plus simple : Elyx.

Elyx se présente comme un petit personnage dessiné, d’apparence très simple, quelques traits qui nous disent l’essentiel. Au début, ce n’était pas un personnage mais une recherche graphique : comment exprimer le maximum d’expression et de mouvement avec un minium de traits. Elyx est né lorsque je n’avais plus rien à retirer. Cependant, il descend de toute une lignée de personnages que j’ai créés depuis 20 ans, en commençant par son ancêtre, IXEL, qui animait les colonnes du magazine XL dans les années 90.

Au début, c’était un travail très personnel, une récréation créative. Un jour, un ami m’a dit que je devrais les poster sur les réseaux sociaux : le dialogue avec le public a été immédiat. A force qu’on me demande comment il s’appelait, Elyx est devenu un personnage en soi. Une fois nommé, il a commencé à « exister ».

En décembre dernier, à la sortie d’un projet très éprouvant comme on peut en connaitre dans sa carrière, je décidais de « donner une chance » à Elyx et m’organisais pour tourner toute mon activité autour de son essor. J’ai, en quelques sortes, réinventé mon métier. J’évoque souvent la comparaison avec les impressionnistes qui ont quitté l’atelier grâce au tube de peinture. Je suis un artiste de l’ère numérique qui a quitté son bureau et ses écrans grâce aux technologies de la mobilité et j’ai commencé à créer sur le motif, le réel, la réalité et le temps réel. Depuis, je vis une aventure qui m’emmène dans des situations et contextes que jamais je n’aurais imaginés.

Elyx et la Joconde

Depuis quand pratiquez-vous le dessin ? Quelles ont été vos motivations ?

Je dessine depuis toujours. Comme tout le monde en fait. Chacun d’entre nous, dans sa phase d’apprentissage, rencontre le dessin, enfant. On découvre alors un outil d’une puissance hallucinante, propre à exprimer ce qu’il y a à la fois de plus personnel et de plus universel : l’imaginaire. La plupart des gens arrête cette pratique à un moment ou un autre, je n’ai jamais arrêté et lorsqu’on me demandait ce que je voudrais faire plus grand, je répondais « dessiner ». Je parle de faire, pas d’être.

Elyx et la Victoire de Samothrace

Comment organisez-vous votre temps de création ? Vos dessins résultent-ils d’une longue réflexion ou sont-ils plutôt spontanés ? Pouvez-nous nous décrire une journée type ?

Ma pratique est très éclectique. Le dessin n’y occupe qu’une place assez minime, même si au final, c’est celle qu’on voit le plus. Pour la voir, faut-il encore qu’elle ait son canal de diffusion, ça se construit au quotidien, qu’elle ait sa propre expression et, dans mon cas, cela passe par un vrai travail photographique et de mise en scène. Enfin, Elyx se présentant comme une personnalité, il a un agenda, des rendez-vous, des missions, qui impliquent de le suivre dans tous ces engagements.

Le dessin en lui-même est extrêmement spontané. Des dizaines d’années de dessin me permettent aujourd’hui de le faire exister en quelques secondes, sans crayonné, sans gomme ni rature. C’est vital dans ma pratique car il s’agit de pouvoir aller très vite au besoin, de le faire surgir dans le réel, à la fois dans la réalité mais aussi dans le temps réel.

Il n’y a donc pas de journée type.

YAK met en scène son petit personnage Elyx dans tous types de situations

Vous utilisez un carnet et un simple feutre pour dessiner Elyx : prévoyez-vous de mixer plusieurs techniques, de faire évoluer le personnage ?

Si vous connaissez le projet, vous savez qu’il s’agit déjà d’un travail mixte, qui mélange le dessin au feutre, la photographie, voire la vidéo et le numérique. Il m’arrive également de traiter une création beaucoup plus graphique. J’ai beaucoup d’idées et d’envies sur les différentes variations autour de mon thème.

C’est très important que la base de ce travail repose sur des outils extrêmement simples, c’est ce qui permet des interactions d’une bien plus grande complexité.

Votre page fan sur Facebook regroupe près de 40 000 fans et vous ne cessez d’être sollicité : vous attendiez-vous à un tel succès ? Comment expliquez-vous cet engouement pour ce petit personnage ?

On ne s’attend jamais à tel ou tel succès et surtout ce n’est pas la motivation première lorsqu’on travaille. J’ai créé Elyx il y a 4 ans, tout en continuant mes activités de création « classiques », basées sur la scénographie, le numérique, la vidéo. Il m’a fallu 3 ans pour pleinement « assumer » ce travail et en faire mon activité principale, ce qui m’a permis de déployer et de focaliser toute mon énergie dans la même direction, ce qui aide énormément lorsqu’on souhaite donner un impact à son travail. Le succès d’Elyx a été croissant, ce qui a été extrêmement touchant et motivant. Je pense qu’il correspond à un besoin très contemporain de simplicité, de poésie et de bonne humeur, sans naïveté mais avec une certaine innocence. J’ai le sentiment qui se confirme jour après jour que le temps de l’ironie et du sarcasme sont en train de passer de mode, en tous les cas ils prennent un sacré coup de vieux dans cette période portée par tant de démarches positives, que ce soit dans l’économie, l’innovation, les sciences sociales et donc forcément la création.

Elyx est également d’accès très simple, il ne parle pas, il est de bonne humeur, il n’a aucun signe culturel distinctif. Tout le monde peut se l’approprier. Je travaille sur l’inclusion, qui est le contraire de l’exclusion : chercher ce qu’il y a de commun à tous, plutôt que les particularités de chacun.

Où puisez-vous votre inspiration ? Il y a-t-il des sujets qui vous inspirent particulièrement ? Pourquoi ces thématiques ?

Je puise mon inspiration absolument partout. Un artiste fait partie du monde, tout le concerne, que ce soit l’art mais aussi les sciences, les gens, la technologie, l’écologie, l’alimentation, la mode, la gouvernance, tout… Cela ressemble, en tous les cas, à ma définition et j’envisage mon travail et donc l’action d’Elyx sans limites particulières. Cette diversité en elle-même devient une thématique et c’est celle qui m’intéresse, la transdisciplinarité. Je pense qu’il est devenu aujourd’hui absolument nécessaire de sortir justement des petites cases. Plus qu’une thématique, ce qui m’inspire est la façon de les aborder, sur des principes assez simples. Par exemple, je n’aborde jamais un sujet de façon négative. Je cherche la manière de toujours trouver l’angle positif d’un sujet ou d’une situation. Si je considère qu’il n’y en a pas, je passe à autre chose, il y a tellement à faire que tout est une question de choix.

Elyx sur le pont des Arts

Vous intéressez-vous à d’autres formes d’art ? Quels sont vos artistes préférés ?

Heureusement que je ne m’intéresse pas qu’à ma forme d’art. Rire. Dans ma pratique, j’ai eu personnellement la chance de passer déjà par toute une série de formes et de pratiques.

J’aime une quantité considérable d’artistes dans des domaines très différents et à des époques tout aussi diverses. Du coup, la liste est tellement considérable que je ne saurai pas n’en sortir que quelques-uns sans oublier les autres…

Citons en vrac : Matisse, Picabia,  Oskar Fishinger, Stanley Kubrick, Olafur Eliasson, Anish Kapoor, Marcel Gotlib, Keith Haring, Gary Larson, Herbie Hancock, Marcus Miller, Rémi Panossian…

Pouvez-vous nous présenter votre nouveau projet sur le climat ?

Depuis le mois de septembre, Elyx est devenu un petit ambassadeur virtuel pour les Nations Unies sur les réseaux sociaux. Il participe donc à toutes les communications autour des sommets sur le climat qui, comme vous le savez, est aujourd’hui devenu l’enjeu majeur de tous les états car la situation est devenue véritablement critique. Elyx permet d’aborder cette question sans être anxyogène et porter le message de façon universelle sans l’usage des mots. Il se prépare également pour la COP21, la conférence sur le Climat qui se tiendra à Paris l’année prochaine et qui sera vraiment un rendez-vous crucial. Elyx mettra tout ce qui est en son pouvoir pour peser positivement, d’une façon ou d’une autre. La solution est collective, il sera un des outils pour permettre la prise de conscience et le passage à l’action.

Elyx and the United Nations Day

Le dessin d'Elyx est extrêmement spontané pour lui permettre d'interagir avec son environnement
Le dessin d’Elyx est extrêmement spontané pour lui permettre d’interagir avec son environnement

Quels-sont vos projets à venir ? Envisagez-vous de regrouper les aventures d’Elyx en BD ?

J’ai énormément de projets en préparation, certains sont des surprises. En effet, il y a évidemment un projet de livre mais ce ne sera pas une BD. La suite de mon projet implique également la participation du public, à travers une application qui sortira très bientôt et des évènements que j’appelle « Elyx Party » dans lesquels le public est invité à partir de cartes à réaliser ses propres photos et les diffuser sur les réseaux. La prochaine aura lieu à Tokyo à la fin du mois.

Elyx au Japon
Elyx en voyage au Japon

Avez-vous un conseil à donner aux artistes pour progresser, se démarquer ?

Peut-être un qui concerne une question compliquée autour de la valeur et de l’argent. Dans un système monétaire basé sur la rareté, il n’est inversement proportionnellement pas rare que les artistes vivent dans une très grande précarité financière. C’est très important de bien comprendre que cela n’a rien à voir avec la valeur. C’est important car nous travaillons dans des disciplines qui sont difficilement quantifiables et que si on ne travaillait que lorsqu’il y a une rétribution, on finirait par ne plus travailler dans une sorte de cercle vicieux. Mon seul conseil serait donc d’investir sur son propre travail et d’en augmenter la valeur intrinsèque, sans que celle-ci ne soit trop polluée par la conversion monétaire.

Et puis évidemment prendre du plaisir et s’amuser.

Suivez les aventures d’Elyx :

Galerie Bettina, 2 rue Bonaparte, 75006 PARIS

Yacine AIT KACI, aka YAK – Life Media artist

YAK et Elyx
Crédits photo : Camille Desquenes

Successivement depuis 20 ans dessinateur de presse, réalisateur pour la télévision, les supports interactifs, artiste numérique (Electronic Shadow), Yacine AIT KACI réinvente aujourd’hui son rapport au monde à travers la création d’une personnalité virtuelle, le très souriant Elyx, qu’il dessine et met en scène dans le réel avec un regard décalé et poétique. Ses multiples publications quotidiennes sur les réseaux sociaux en ont fait un rare phénomène du web et amené ce personnage à devenir également un petit messager universel pour les Nations Unies.

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